La recherche de perfection : un bien ou un mal ?

La recherche de perfection :
un bien ou un mal ?

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La recherche de perfection : un bien ou un mal ?

Le mieux est-il l’ennemi du bien ? Faut-il abandonner cette recherche de la perfection ? Comme la plupart des questions d’évolution, la réponse n’est pas toujours si simple. Ça dépend…. Mais ça dépend de quoi ?

Dès le départ, une évidence s’impose: nous ne cherchons pas à être parfait dans les mêmes domaines. Ainsi, certaines personnes accordent énormément d’importance à la propreté et l’ordre de leur maison. Pourtant, elles attacheront moins de crédit à la ponctualité. D’autres trouveront inacceptable de commettre des fautes d’orthographe ou chercheront à être le meilleur conjoint, le meilleur ami, le meilleur employé. Il est rare de rencontrer une personne qui peut se déclarer perfectionniste dans toutes les dimensions de sa vie. Aussi, à la question : « La recherche de la perfection est-elle un bien ou un mal ? », la réponse sera inévitablement « Ca dépend ». Par exemple, s’atteler uniquement à conserver un environnement propre comporte des risques. Toutefois, ces risques s’intensifieront chez les personnes qui souhaitent être parfaites dans tous les domaines de leur vie. De fait, être le meilleur travailleur, le meilleur époux, le meilleur papa, le meilleur ami,… c’est se confronter à certaines limites comme celles du temps ou encore de l’énergie disponible. Sans parler des conflit qui peuvent surgir (exemple : un bon père irait rechercher ses enfants à 16h à l’école alors qu’un bon travailleur se doit de terminer ses projets). Notons aussi que des perfectionnismes dans les domaines de la scolarité ou du travail sont plus à risque d’être exacerbés par les normes sociétales actuelles basées notamment sur la compétition ou encore la nécessité de produire toujours plus avec moins de ressources.

Le perfectionnisme se manifeste aussi de différentes manières dont certaines peuvent s’avérer plus délétères que d’autres. Ainsi, le perfectionnisme peut être personnel. Vous êtes la seule personne à exiger de vous cette perfection. A ce stade, l’influence du perfectionnisme peut être positive. Par exemple, le fait de vouloir atteindre des résultats élevés s’accompagne d’une diminution des risques de burnout, de dépression ou encore d’une augmentation de la motivation. A l’inverse, l’évaluation constante des actions entreprises ainsi que la crainte de commettre des erreurs s’accompagnent d’une tendance à considérer les réussites comme indépendantes de sa volonté et les échecs comme un manque de compétences personnelles. Cependant, nous pouvons chercher à être parfaits non plus pour nous mais pour répondre aux attentes perçues chez les autres. Ce type de perfectionnisme ressort comme étant le perfectionnisme le plus délétère pour la santé et le fonctionnement des individus. Enfin, relevons la présence d’une recherche de perfection souvent oubliée : celle que l’on cherche chez les autres. Les conséquences d’une telle quête ne sont pas encore claires. Notons seulement que la recherche de perfection dans les comportements d’un enfant pousse ce dernier à devenir perfectionniste.

Le mieux est-il l’ennemi du bien ? Ca dépend entre autre de ce que vous cherchez à rendre meilleur, de la raison pour laquelle vous le faites et de la manière dont vous vous y prenez. La recherche de la perfection, un bien ou un mal ? Il s’agit probablement d’une question sans réponse et comme beaucoup de questions sans réponse, elle nous amène à nous interroger : « Qu’ai-je à gagner ou à perdre à chercher la perfection ? »

Ecrit en Janvier 2019
Sens et Company
Magali Jemine


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